XLIX L’INVITATION AU VOYAGE
Mon enfant, ma sur,
Songe ŕ la douceur
D’aller lŕ-bas vivre ensemble ;
Aimer ŕ loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble!
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant ŕ travers leurs larmes.
Lŕ, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre ;
Les plus rares fleurs
Męlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l’ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
A l’âme en secret
Sa douce langue natale
.
Lŕ, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l’humeur est vagabonde ;
C’est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu’ils viennent du bout du monde.
Les soleils couchants
Revętent les champs,
Les canaux, la ville entičre,
D’hyacinthe et d’or ;
Le monde s’endort
Dans une chaude lumičre.
Lŕ, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.