XXX LE LÉTHÉ
Viens sur mon cur, âme cruelle et sourde,
Tigre adoré, monstre aux airs indolents ;
Je veux longtemps plonger mes doigts tremblants
Dans l’épaisseur de ta criničre lourde ;
Dans tes jupons remplis de ton parfum
Ensevelir ma tęte endolorie,
Et respirer, comme une fleur flétrie,
Le doux relent de mon amour défunt.
Je veux dormir! dormir plutôt que vivre!
Dans un sommeil, douteux comme la mort,
J’étalerai mes baisers sans remord
Sur ton beau corps poli comme le cuivre.
Pour engloutir mes sanglots apaisés –
Rien ne me vaut l’abîme de ta couche ;
L’oubli puissant habite sur ta bouche,
Et le Léthé coule dans tes baisers.
A mon destin, désormais mon délice,
J’obéirai comme un prédestiné ;
Martyr docile, innocent condamné,
Dont la ferveur attise le supplice,
Je sucerai, pour noyer ma rancur,
Le népenthčs et la bonne ciguë
Aux bouts charmants de cette gorge aiguë
Qui n’a jamais emprisonné de cur.





Podobne wiersze:
- LXXIII LE MORT JOYEUX Dans une terre grasse et pleine d’escargots Je veux creuser moi-męme une fosse profonde, Oů je puisse ŕ loisir étaler […]...
- XXIX LE VAMPIRE Toi qui, comme un coup de couteau, Dans mon cur plaintif es entrée, Toi qui, comme un hideux troupeau De […]...
- LXXII LE REVENANT Comme les anges ŕ l’il fauve, Je reviendrai dans ton alcôve Et vers toi glisserai sans bruit Avec les ombres […]...
- LII L’HEAUTONTIMOROUMENOS Je te frapperai sans colčre Et sans haine, comme un boucher! Comme Moďse le rocher, Et je ferai […]...
- XXXIX A CELLE QUI EST TROP GAIE Ta tęte, ton geste, ton air Sont beaux comme un beau paysage ; Le rire joue en ton visage Comme […]...
- XI LE GUIGNON Pour soulever un poids si lourd, Sisyphe, il faudrait ton courage! Bien qu’on ait du cur ŕ l’ouvrage, L’Art est […]...
- XIX LA GÉANTE Du temps que la Nature en sa verve puissante Concevait chaque jour des enfants monstrueux, J’eusse aimé vivre auprčs d’une […]...
- XXXVII Que diras-tu ce soir, pauvre âme solitaire, Que diras-tu, mon cur, cur autrefois flétri, A la trčs-belle, ŕ la trčs-bonne, […]...
- XLVII LE CHAT Dans ma cervelle se promčne, Ainsi qu’en son appartement, Un beau chat, fort, doux et charmant ; Quand il miaule, […]...
- XVII LA BEAUTÉ Je suis belle, ô mortels, comme un ręve de pierre, Et mon sein, oů chacun s’est meurtri tour ŕ tour, […]...
- LVI LES CHATS Les amoureux fervents et les savants austčres Aiment également dans leur műre saison Les chats puissants et doux, orgueil de […]...
- XXXIV LE BALCON Mčre des souvenirs, maîtresse des maîtresses, O toi, tous mes plaisirs, ô toi, tous mes devoirs! Tu te rappelleras […]...
- IV CORRESPONDANCES La Nature est un temple oů de vivants piliers Laissent parfois sortir de confuses paroles ; L’homme y passe ŕ […]...
- XLI CONFESSION Une fois, une seule, aimable et douce femme, A mon bras votre bras poli S’appuya ; sur le fond […]...
- II LE SOLEIL Le long du vieux faubourg, oů pendent aux masures Les persiennes, abri des secrčtes luxures, Quand le soleil cruel frappe […]...
- LXI SPLEEN Je suis comme le roi d’un pays pluvieux, Riche, mais impuissant, jeune et pourtant trčs-vieux, Qui de ses précepteurs méprisant […]...
- XLV LE POISON Le vin sait revętir le plus sordide bouge D’un luxe miraculeux, Et fait surgir plus d’un portique fabuleux Dans l’or […]...
- X L’ENNEMI Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage, Traversé çŕ et lŕ par de brillants soleils ; Le tonnerre et la […]...
- XXXVI TOUT ENTIČRE Le Démon, dans ma chambre haute, Ce matin est venu me voir , Et, tâchant de me prendre en faute, […]...
- XXVI LE SERPENT QUI DANSE Que j’aime voir, chčre indolente, De ton corps si beau, Comme une étoffe vacillante, Miroiter la peau! Sur ta chevelure […]...
- XXIV SED NON SATIATA Bizarre déité, brune comme les nuits, Au parfum mélangé de musc et de havane, uvre de quelque obi, le Faust […]...
- XLIII HARMONIE DU SOIR Voici venir les temps oů vibrant sur sa tige Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ; Les sons et les […]...
- LXXV TRISTESSES DE LA LUNE Ce soir, la lune ręve avec plus de paresse ; Ainsi qu’une beauté, sur de nombreux coussins, Qui d’une main […]...
- XX LES BIJOUX La trčs-chčre était nue, et, connaissant mon cur, Elle n’avait gardé que ses bijoux sonores, Dont le riche attirail lui […]...
- LXV A UNE MENDIANTE ROUSSE Ma blanchette aux cheveux roux, Dont la robe par ses trous Laisse voir la pauvreté Et la beauté, Pour moi, […]...
- XLIX L’INVITATION AU VOYAGE Mon enfant, ma sur, Songe ŕ la douceur D’aller lŕ-bas vivre ensemble ; Aimer ŕ loisir, Aimer et mourir […]...
- VI LES PHARES Rubens, fleuve d’oubli, jardin de la paresse, Oreiller de chair fraîche oů l’on ne peut aimer, Mais oů la vie […]...
- VIII LA MUSE VÉNALE O muse de mon cur, amante des palais, Auras-tu quand Janvier lâchera ses Borées, Durant les noirs ennuis des neigeuses […]...
- XLVIII LE BEAU NAVIRE Je veux te raconter, ô molle enchanteresse, Les diverses beautés qui parent ta jeunesse ; Je veux te peindre ta […]...
- XXV Avec ses vętements ondoyants et nacrés, Męme quand elle marche, on croirait qu’elle danse, Comme ces longs serpents que les […]...
- III ÉLÉVATION Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées, Des montagnes, des bois, des nuages, des mers, Par-delŕ le soleil, par-delŕ les éthers, […]...
- LV MSTA ET ERRABUNDA Dis-moi, ton cur parfois s’envole-t-il, Agathe, Loin du noir océan de l’immonde cité, Vers un autre océan oů la splendeur […]...
- LXVII LE CRÉPUSCULE DU SOIR Voici le soir charmant, ami du criminel ; Il vient comme un complice, ŕ pas de loup ; le […]...
- XXIII Tu mettrais l’univers entier dans ta ruelle, Femme impure! L’ennui rend ton âme cruelle. Pour exercer tes dents ŕ ce […]...
- I BÉNÉDICTION Lorsque, par un décret des puissances supręmes, Le Počte apparaît en ce monde ennuyé, Sa mčre épouvantée et pleine de […]...
- XXVII UNE CHAROGNE Rappelez-vous l’objet que nous vîmes, mon âme, Ce beau matin d’été si doux : Au détour d’un sentier une charogne […]...
- XVI CHATIMENT DE L’ORGUEIL En ces temps merveilleux oů la Théologie Fleurit avec le plus de sčve et d’énergie, On raconte qu’un jour un […]...
- LXXI LE TONNEAU DE LA HAINE La Haine est le tonneau des pâles Danaďdes ; La Vengeance éperdue aux bras rouges et forts A beau précipiter […]...
- XXXIII LE CHAT Viens, mon beau chat, sur mon cur amoureux ; Retiens les griffes de ta patte, Et laisse-moi plonger dans tes […]...
- L L’IRRÉPARABLE Pouvons-nous étouffer le vieux, le long Remords, Qui vit, s’agite et se tortille, Et se nourrit de nous comme le […]...