Przyroda
MICHEL HOUELLEBECQ (1958)
Nature
Je ne jalouse pas ces pompeux imbéciles
Qui s’extasient devant le terrier d’un lapin
Car la nature est laide, ennuyeuse et hostile ;
Elle n’a aucun message à transmettre aux humains.
Il est doux, au volant d’une puissante Mercedes,
De traverser des lieux solitaires et grandioses ;
Manoeuvrant subtilement le levier de vitesses
On domine les monts, les rivières et les choses.
Les forêts toutes proches glissent sous le soleil
Et semblant refletér d’anciennes connaissances ;
Au fond de leurs vallées on pressent des merveilles,
Au bout de quelques heures on est mis en confiance ;
On descend de voiture et les ennuis commencement.
On trébuche au milieu d’un foulis répugnant,
D’un univers abject et dépourvu de sens
Fait de pierres et de ronces, de mouches et de serpents.
On regrette les parkings et les vapeurs d’essence,
L’éclat serein et doux des comptoirs de nickel ;
Il est trop tard. Il fait trop froid. La nuit commence.
La forêt vous étreint dans son rêve cruel.